Marine Le Pen: la peur des sondages ou le sondage de nos peurs.


Quelle gloire et quelle assurance peut-on tirer de sondages favorables à plus d’un an des élections présidentielles. A vrai dire bien peu si on se plonge dans l’historique de ces prévisibilités et de la réalité inscrite des résultats par le ministère de l’intérieur. Plus les échéances sont éloignées plus les sondages courent les risques de s’éloigner d’une opinion qui de plus en plus fixe ses préférences dans les dernières semaines,voir les derniers jours en fonction des rapports de force des partis et des candidats déclarés. De plus l’instrumentalisation stratégique de ces sondages commence à être connue des français.

L’intox ou désinformation fonctionne donc encore mais dans une moindre mesure. La récupération par les partis en présence est faite de stratégies complexes allant du déni à l’exagération ou la caricature; difficile pour le commun des mortels de croire à une lisibilité prédictive. Bien souvent donc les votants sont ramenés par un tel processus à cristalliser et renforcer leurs convictions fondamentales et donc les plus sûr d’entre eux rassemblent ainsi leur force autour de la personnalité qui leur semble la plus crédible pour exercer la fonction suprême de l’Etat.

Celui ou celle qui sur ce long chemin pavé d’embûches pense détenir un quelconque trésor de guerre se voit parfois fort dépourvu lorsque la chaude bise démocratique  souffle sur les candidats relevant la tête trop haut et trop vite. Les exemples récents de Lionel JOSPIN ou d’Edouard BALLADUR devrait tempérer les enthousiasmes et ce d’autant que leur potentiel de voix était autrement plus important que celui de notre chère Marine.

Alors oui ce sondage révèle bien quelque chose  de la politique française mais pas ce que certains essaient de nous faire croire. C’est l’insécurité fondamentale des français et l’éclatement de l’opinion qui ne se reconnaît plus dans les démarches traditionnelles des partis qui s’exprime. Hors Marine est dans la plus pure tradition des partis. Le bénéfice revient de manière très temporaire aux extrêmes par défaut mais la correction sera sans doute assez forte dans les mois qui viennent. Aussi les nouveaux partis, EELV, le Nouveau Centre, Le Parti de Gauche et d’autres minorités comme République solidaire sortiront vraisemblablement renforcés par cette expression de la peur française pour une classe politique qui depuis quelques années et plus encore ces derniers mois a défait elle-même sa crédibilité dans des affaires qui augmentent le gouffre entre la classe dirigeante et son électorat de base, le peuple puisqu’il faut l’appeler par son nom ( qui n’est pas la peste) ni ce gros mot que certains n’osent plus prononcer.

Les français sont les spécialistes du rattrapage de la démocratie, ils savent pousser à bout leurs dirigeants mais hésitent toujours à enfoncer le clou dans une patrie qui a déjà connu plusieurs terreurs et des régimes d’occupation qui ont laissé, je le crois, une sainte horreur des dictatures et des systèmes trop policés, trop droits, trop propres, trop bien sous tout rapport.

Il y a bien une conscience française de la démocratie et de la liberté et cette dernière est loin d’être superficielle, elle est ancrée dans son histoire, le sang impure de la marseillaise n’est pas, n’est plus, celui de l’étranger et de l’ennemi envahisseur que nous accueillons mais bien plutôt celui de ceux qui tentent de l’intérieur aussi de nous voler cette liberté si chèrement payée…Parfois l’ennemi est dans la place…Le vers est capable de tuer le fruit et de pourrir le plat entier de pommes qui se touchent.

Alors oui le sondage n’a pas été nul, la sonde a exploré une part inconsciente de nos peurs face au danger de la dictature ou d’un régime trop fort pour déléguer un espace de liberté nécessaire à notre vie quotidienne. Mais le côté positif de la sonde c’est qu’elle est allée fouiller dans nos entrailles les vérités qu’on osait pas dire et la confusion dans laquelle nous sommes parfois face à l’évolution sociale et mondialiste, la crise financière, la montée des communautarisme, le changement des équilibres religieux dans l’hexagone…

Exprimons franchement nos peurs, dialoguons, construisons le débat démocratique et donnons l’occasion aux partis les plus crédibles, les plus novateurs, les plus humains et les plus réalistes de se jouer de sondages perçus comme négatifs et qui ne demandent qu’à être démentis par une pédagogie et une conscience de réplique adéquate. Notre avenir n’est donc pas dans les sondages, il reste à inscrire dans la réalité par nos décisions et nos votes. En cas de danger, le sursaut démocratique s’imposera et le candidat de la liberté devra être porté par tous, celui de l’esclavage restera donc avec ses paroles et ses promesses dans une position peut-être moins glorieuse que celle qu’il se vante ou qu’on le vante d’avoir aujourd’hui…Oui je pense que les français sont fondamentalement démocrates et qu’il s’en souviendront au jour « J ».

Dans le cas contraire, nous dirons que la souffrance a certaine vertu et qu’une bonne fessée est parfois nécessaire pour réveiller les consciences.

Finalement la vrai question du sondage sur Marine Le Pen n’est pas de savoir si les français la souhaite à la tête de l’Etat mais bien plus profondément : Les français sont-ils sado-masochistes, veulent-ils avoir mal à leur petite fesse rose, dodue et démocratique?

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4 commentaires pour Marine Le Pen: la peur des sondages ou le sondage de nos peurs.

  1. Costa dit :

    Les médias véhiculent leurs peurs mais il y a de quoi lorsqu’on réalise que les flics, les pompiers, les chauffeurs de bus et de métro se font caillasser, qu’il y a en France en 2011 des lieux de non-droit et une insécurité qui fait réfléchir pour les années à venir! nos petits enfants ne vont pas être à l’aise avec l’héritage que nous allons leur laisser!…

    • jlbaque dit :

      La peur peut parfois permettre des réactions salutaires mais elle peut également être paralysante lorsqu’elle est véhiculée et projetée sur les autres par des manipulateurs d’opinions habiles qui font ainsi des personnes sensibles, des esclaves serviles qui sont victimes de leurs émotions trop ouvertes…Le respect d’autrui exclut la menace et la pression différée ou cachée qui n’est en fait que du viol de conscience déguisé, toute séduction maligne passe par un abus de pouvoir qu’accepte forcément avec une certaine respnsabilité ceux qui se laissent manipulés…Pour autant ne faut-il pas dénoncer la séduction et tout viol de liberté?

  2. delpaty dit :

    Je suis d’accord avec votre analyse. Mais je ne pense pas que les Français ont peur, c’est ce qui est dit un peu partout depuis longtemps. Ce sont des gens comme Alain Minc qui pensent que les Français sont résignés ou sont des « veaux ». Je préfère entendre quelqu’un comme S.Royal qui met en avant la force, le dynamisme des Français, qui y croit et veut insuffler de l’optimisme malgré un climat morose. Dommage qu’elle ne soit pas davantage entendue dans les médias habituels.

    • jlbaque dit :

      Effectivement ce sont plutôt les médias qui véhiculent ces peurs pour servir la soupe à certains partis et faire de l’audience, je crois comme vous que les français sont plus réaliste et démocrate qu’on le croit…

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